(ou l’affaire Florence Cassez les couilles)
Bien sûr, elle a un charmant minois. Évidemment, 7 ans de prison ce n’est jamais drôle. Assurément, son procès a subi des irrégularités. Et pourtant : était-ce une raison pour accueillir Florence Cassez comme le Messie ?
Depuis son retour en France, l’ex-prisonnière du Mexique déclenche un ras-de-marée médiatique unanimement encenseur. Le devoir de réserve, auquel tous les journalistes devraient pourtant s’astreindre, se voit éclaboussé tous les jours par une couverture médiatique émotionnelle et excessive.
Car mettons de côté les avis tout personnels que chaque citoyen est tenté d’avoir (« Tu as vu le coup monté autour de son arrestation en direct ? Obligé, elle est innocente » et autres « Non mais c’est pas possible d’être en couple avec un gros mafioso et d’ignorer tout de ses activités ») : que reste t-il ? Là où les médias devraient traiter l’affaire avec mesure et dignité, ils s’affalent en réalité de tout leur long dans le sentimentalisme et l’ingérence.
L’imbroglio judiciaire de l’affaire Cassez est une réalité. Les instincts patriotiques et sensationnalistes visant à l’accueillir comme une figure mythique, eux, un leurre.
Ces élans d’enthousiasme tapageur laissent un goût amer de réjouissances à la sauce télé-réalité : Florence la française est libérée, alors la France applaudit. Mieux : Florence l’ancienne directrice d’une boutique Eurodif calaisienne revient, et c’est le Nord qui se sent fier. Quel sinistre spectacle.
Outre le ridicule pétrin dans lequel se sont retrouvés l’ensemble des journalistes-pions chargés de ramener une image exclusive de « Florence Cassez sur le parvis de l’aéroport » (mention spéciale à cette pauvre envoyée iTélé réduite à répéter « je crois qu’on peut le dire, elle est bien arrivée » 10 fois en l’espace de 3 minutes de direct), que dire de cette aberrante récupération d’une cause télégénique bienpensante par un microcosme élitiste (hommes politiques comme commentateurs) qui ne cherche en réalité qu’à s’autocongratuler dans un pli de l’histoire ?
Reçue à l’Élysée comme les otages revenant de la guerre, Florence Cassez est également bien partie pour être citoyenne d’honneur de sa ville, si l’on en croit les mots de Michel Delebarre, sénateur-maire de Dunkerque.
Cet énorme banquet médiatique consistant à dérouler le tapis rouge à une femme dont, faut-il le rappeler, on ne sait toujours pas si elle est coupable ou innocente, occulte violemment le reste du dossier. Quid du respect dus aux familles des victimes d’Israel Vallarta Cisneros, qui avait fait des séquestrations son fond de commerce ?
Oui, Florence Cassez n’est peut-être pas coupable. Oui, elle a souffert d’un procès crapuleux et plus qu’interlope. Ça ne fait aucun doute. Mais en attendant, l’ancienne détenue (et non otage – ce qui fait une différence, rappelons-le bien) n’a pas été innocentée et l’embrouillamini judiciaire qu’elle a traversé ne fait d’elle, en rien, une héroïne.
Au risque de jouer les casseurs d’ambiance, soyons sérieux deux minutes : le traitement de l’affaire Cassez gagnerait à être plus noble. Autrement dit, pour commencer, moins euphorique.
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