Il est donc officiellement plus rapide de se passer des services d’une Delphine Batho trop bavarde que d’un Jérôme Cahuzac possédant un compte en Suisse.
Hier, mardi 2 juillet, la ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie a gentiment été priée de plier bagage après avoir eu l’audace de déplorer un budget d’austérité délaissant l’environnement, sur RTL.
Femme et ministre de l’écologie : la position faible
Invité de BFMTV le soir-même, le sénateur écologiste Jean-Vincent Placé a estimé, lucide, que virer les femmes « c’est plus facile ». Rappelons en effet que la prédécesseure de Delphine Batho, Nicole Bricq, avait elle aussi été limogée l’an dernier après tout juste un mois à la tête du ministère.
Il faut dire que Batho, apparatchik démunie ne jouissant pas particulièrement d’un réseau de solidarité en dehors de son parti, a toujours été sur un siège éjectable. Membre d’un gouvernement se targuant d’être paritaire, elle est aujourd’hui le symbole malgré elle d’une autorité césariste où il ne fait pas bon contredire le monarque.
Récemment pourtant, Arnaud Montebourg et Benoît Hamon eux aussi avaient appelé à un assouplissement de la politique d’austérité. Invité par François Hollande à revenir sur ses propos, Delphine Batho a choisi de persister et signer. Une décision franche et intègre que l’on ne pourra pas décemment reprocher à l’ancienne gardienne de l’Écologie, un ministère souvent en porte-à-faux en temps de crise.
Remercier Delphine Batho de façon aussi expéditive est donc un signal politique à moindre frais : d’un côté, il permet à l’exécutif de dissuader les autres ministres de toute velléité critique, de l’autre il évite d’avoir à se passer des services d’une personnalité forte. En lui montrant si promptement la porte de sortie, François Hollande et Jean-Marc Ayrault affichent à l’égard de Delphine Batho une intransigeance qui leur avait pourtant manqué lorsque d’autres membres du gouvernement jouaient les arrogants. La désormais ex-ministre de l’Écologie a donc « payé pour tout le monde ». Ni plus ni moins.
La parité comme l’écologie : des faire-valoir politiques sur le court terme
Faut-il pourtant le rappeler : la question environnementale n’est pas annexe à ses consœurs économique et politique. Au contraire, l’environnement est à lui seul une façon de penser l’économie et la politique, un angle à travers lequel envisager croissance, développement et sentiment citoyen, de façon durable.
Delphine Batho virée, voilà donc un épisode qui en dit long sur le césarisme de notre culture politique bipartiste, la stratégie masculine des décideurs pour qui le sexe faible n’est qu’un temporaire faire-valoir et un probant manque de considération pour l’environnement.
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