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Scarlett Johansson, la mauvaise foi et le conflit israélo-palestinien

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L’histoire tourne depuis hier : l’actrice américaine Scarlett Johansson (enfin, elle ou une autre idiote connue à Hollywood, ça ne change pas le fond du problème) a signé un contrat pour être la nouvelle égérie de « Sodastream ». Jusque là, on s’en fiche comme de l’an 40, me direz-vous : des personnalités du star system mondialisé prêtent leur image de papier glacé photoshopé à des grandes marques soucieuses de se re-lifter la réputation, tout ça dans une sacro-sainte danse du fric qui ne change absolument rien au montant du RSA et au prix exorbitant de votre abonnement de métro.

Scarlett Johansson_Sodastream

Non, ce qui chagrine ici, c’est que « Sodastream », marque israélienne produisant des machines permettant de gazéifier vos boissons à domicile, a implanté son entreprise dans une colonie, en Cisjordanie. Et quand des militants pour les droits des Palestiniens ont publiquement fait remarquer ce point, à l’instar de l’organisation humanitaire Oxfam qui a rappelé son opposition à « tout commerce en provenance des colonies, illégales au regard du droit international », Scarlett Johansson s’est fendue d’un fabuleux commentaire, relayé par le Huffington Post américain :

« Je n’ai jamais voulu être la figure d’un quelconque mouvement social ou politique dans le cadre de mon contrat avec Sodastream. »

Faut-il être une sombre idiote ou une personne dotée d’un incroyable cynisme vénal pour oser penser qu’offrir son image à une entreprise peut être un acte dépouillé de politique ? Car enfin, TOUT est politique. Et la justification de notre héroïne du jour est d’une insoutenable indécence quand on s’intéresse ne serait-ce que deux secondes à la page Wikipédia du conflit israélo-palestinien.

Ce n’est pas fini. Croyant bon de lustrer jusqu’au bout la défense de cette lucrative collaboration (« Sodastream » diffusera des spots télévisés le soir du Superbowl- et à ce titre, les Inrocks rappelle que lors de la messe, « les 30 secondes de publicité avoisinent les 4 millions de dollars »), Scarlett Johansson poursuit :

« Sodastream est une entreprise qui s’engage […] pour la construction d’une paix entre Israël et la Palestine, avec des voisins travaillant les uns aux côtés des autres… »

Nous sommes en droit de nous demander dans quelle espèce de contexte la paix dont parle Scarlett Johansson pourrait-elle être effective lorsque les Palestiniens, soumis à la domination des occupants, n’ont d’autres choix que de travailler dans les entreprises que ces derniers érigent dans toute négation de la quatrième convention de Genève.

Car si les colonies illégales étaient cédées aux Palestiniens comme il leur revient de droit, alors enfin ceux-ci pourraient envisager plus sereinement une possible voie de sortie du marasme économique dans lequel leurs territoires sont plongés. Et s’il est certain que le conflit israélo-palestinien ne se résoudra pas en 3 paragraphes pondus ici, il devient en revanche indiscutable que c’est en récupérant la paternité de leur activité économique que les Palestiniens pourront construire un début d’autonomie.

Mais tout ça, Scarlett Johansson a décidé de ne même pas l’envisager. Que l’allégeance au Saint Fric empiète souvent sur le discernement n’est pas chose nouvelle. Ici, le déni va jusqu’à passer le pas de porte de la décence : bidouiller un fébrile argumentaire pour justifier une collaboration marketing en 3 paires de phrases à la Miss France, tout ça sur le dos d’un terrible conflit maintenant soixantenaire, est d’une obscénité vomitive.

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